Si la Guerre froide fut l’époque de la confrontation entre les États-Unis et l’URSS dans le domaine spatial, la coopération est désormais le maître mot passé cent kilomètres d’altitude au-dessus de la Planète Bleue.
À l’heure où de plus en plus de pays entrent dans la course à l’espace, on pourrait croire que la compétition pour le développement économique et technologique des cieux serait féroce. Si les États sont effectivement en compétition sur certains aspects de l’exploration spatiale, la coopération est beaucoup plus étendue que l’on ne pourrait le croire.
C’est en ces termes que s’est exprimé Me André Farand, du Bureau des affaires juridiques de l’Agence spatiale européenne (ESA) lors d’une conférence donnée hier à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Cet exposé, intitulé « Le défi de la coordination internationale dans l’espace« , était présenté par l’Association canadienne des Nations Unies du Grand Montréal.
L’ESA est, de par sa nature, forcée de coopérer pour le développement de son programme spatial; non seulement cette organisation est formée d’un grand nombre de pays membres (France, Allemagne, Italie, Angleterre, pour ne nommer que ceux-ci), mais elle a signé différents accords onusiens sur la responsabilité juridique et l’immatriculation des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique.
Difficile, d’ailleurs, aujourd’hui, de développer un programme spatial en solitaire. Les États et les compagnies nationales utilisent des satellites étrangers, ou lancent leurs propres engins à l’aide de fusées appartenant à d’autres pays. Même les Américains utiliseront bientôt les lanceurs russes Soyouz pour envoyer leurs astronautes à bord de la Station spatiale internationale, une fois que les navettes actuelles seront remisées l’an prochain. Un véritable contexte mondialisé qui faire dire à André Farand que « l’activité spatiale est, par définition, menée de manière globale« .
Des intérêts canadiens dans l’ESA
Le Canada n’est pas en reste, et collabore activement avec l’ESA depuis 1979. L’accord entre l’Agence spatiale canadienne et l’ESA arrive d’ailleurs à échéance le 1er janvier 2010; les négociations pour son renouvellement sont en cours. Pourquoi le Canada, qui a déjà une entente de collaboration avec la NASA, l’agence spatiale américaine, aurait-il besoin de travailler avec les Européens? Exploration robotique de Mars, observation de la Terre, système de navigation Galileo (l’équivalent européen du GPS, qui lui utilise un réseau américain) ne sont que quelques-uns des projets en développement du côté du Vieux Continent. D’excellentes raisons de mettre à profit la technologie spatiale canadienne!
L’avenir de l’exploration spatiale s’annonce donc de plus en plus coopératif, avec l’ESA qui semble appelée à jouer un rôle majeur dans ces développements.
La NASA ne disparaît cependant pas du décor pour autant: l’annonce de la décision du président Barack Obama, l’an prochain, concernant l’avenir du programme spatial américain devrait dicter la marche à suivre pour la prochaine décennie, si ce n’est plus.