Éclectique mariage, hier, que ce Concerto en aHÉROSol, présenté par le Café Graffiti, et joué en l’église Saint-Jean-Baptiste à Montréal. Si la musique faisait plaisir à entendre dans son ensemble, ce sont les petits détails en marge de ce spectacle qui ont définitivement nuit à l’ambiance.
Musique de films et breakdance étaient au programme de cette soirée bénéfice destinée à amasser des fonds pour aider les jeunes. Les pièces musicales, tirées de films de science-fiction, de fantastique et d’aventure, étaient interprétées par l’Orchestre symphonique pop de Montréal (OSPM), un jeune orchestre formé en 2006 qui gagne à être connu, le tout sous la direction de Mark Dharmaratnam.
Les musiciens de l’OSPM, d’ailleurs, ont remarquablement su rendre justice aux divers films évoqués lors de cette soirée, que ce soit le Seigneur des Anneaux, La Guerre des Étoiles ou encore Batman. Les aficionados ont également pu apprécier les reprises de certaines pièces de James Bond ou de la série Mission Impossible. Que des classiques, donc.
Les problèmes de ce concerto ne se situent pas au niveau de l’interprétation musicale même, mais plutôt à ce qui l’accompagnait. Si l’éclairage dynamique de l’église, au demeurant une magnifique salle au départ, était réussi, impossible d’en dire autant du gigantesque écran situé derrière les musiciens. Puisque ce concert servait aussi à exposer le travail de certains graffiteurs, plusieurs de ces dessins étaient projetés sur ledit écran, créant une confusion avec la musique. Les dessins bougeaient, tournaient, grossissaient, étaient superposés à des fonds fixes ou mobiles… Rien pour aider à l’écoute de la mélodie.
Comme si tout cela n’était pas assez dérangeant, les dessins et les fonds n’avaient que très rarement un lien avec la musique; comment vous concentrer sur les superbes accords d’Howard Shore si tout ce que vous voyez consiste en un graffiti orangé représentant un lettrage stylisé virevolte dans tous les sens devant vous?
Les numéros de breakdance, intercalés entre deux pièces de facture classique, étaient intéressants et divertissants; l’énergie des danseurs faisait plaisir à voir. La facture artistique des numéros tranchaient cependant peut-être trop nettement avec le reste du concert.
Ce concerto en aHÉROSol aurait gagné à ne conserver qu’un seul aspect – soit la musique classique, soit le breakdance – plutôt que de tâcher de tout fusionner en quelque chose qui laisse une étrange impression. Lors de la dernière pièce, l’équipe de Pieuvre.ca riait tellement en regardant les graffitis projetés tournoyer à toute vitesse sur l’écran que cela n’était pas rendre justice à l’interprétation sans faille du thème d’Indiana Jones, de John Williams.
Malgré tout, l’OSPM est un orchestre à surveiller. Pour tout le reste, à trop vouloir en faire, on perd une grande partie de sa crédibilité.