Est-il possible de transformer efficacement le tissu urbain en gigantesque oeuvre d’art dans laquelle les passants sont partie intégrante de l’oeuvre? Comment utiliser la technologie pour faire progresser l’art? C’est à ces questions et bien d’autres que deux conférenciers ont tenté de répondre ce soir, au cours d’une conférence intitulée « Beyond Locative Media: Mapping the New Public Sphere », ou « Au-delà des médias géographiques: cartographier la nouvelle sphère publique ».
Deux spécialistes du domaine artistique 2.0, soit l’art marié à la technologie de pointe, Steve Dietz et Michelle Teran, ont chacun exposé leur point de vue sur la question. Steve Dietz, tout d’abord, a présenté un projet qu’il a lancé en 2006, la biennale Zer01. Ce happening artistique ayant lieu dans la ville de San José, en Californie, rassemble une pléthore d’artistes pluridisciplinaires qui tentent de réinventer l’art au coeur de la ville, le tout en utilisant la technologie pour repousser les limites artistiques. Le public fait ainsi partie de l’oeuvre, et n’est donc plus simple spectateur.
L’un des projets les plus intéressants parmi ceux présentés par Dietz est sans doute Loca, une oeuvre utilisant les capacités Bluetooth des téléphones cellulaires des passants au sein de la ville de San José. En circulant près d’une borne, l’utilisateur d’un téléphone cellulaire possédant un accès Bluetooth recevra différents messages, des messages qui tiennent compte des déplacements du citoyen. De quoi leur donner la frousse, certes, mais également une façon de non seulement sensibiliser les gens à la question de la gestion de la vie privée, mais également d’utiliser les ondes disponibles gratuitement un peu partout en ville pour créer un gigantesque terrain de jeu électronique.
Michelle Teran, pour sa part, s’est amusée à diffuser des images captées par des caméras de surveillance, images qui pouvaient être facilement interceptées en ayant une caméra allumée à proximité d’un émetteur. En installant habituellement son projecteur à proximité du lieu observé, elle créait ainsi une connexion surprenante et inusitée entre les passants et des points de vue habituellement dénués d’intérêt.
Un autre projet inusité de Michelle Teran est de sélectionner une ville dans Google Earth (ici une ville espagnole), et d’y visionner certains vidéos Youtube associés à des endroits géographiques précis au sein de la ville. Idée saugrenue, mais ô combien innovatrice. Ensuite, après avoir loué un autobus, Mme Teran a parcouru les rues de cette ville et est allée rencontrer certaines des personnes ayant publié des vidéos, bouclant ainsi la boucle entre espace de création numérique et participation citoyenne.
Les médias numériques ont-ils atteint la limite de la créativité? Il semblerait bien que non, et les deux spécialistes invités par le FNC Lab l’ont certainement prouvé.
Reste à découvrir ce que seront les prochaines innovations en la matière…