Je n’ai pas lu le roman d’Hervé Bouchard intitulé Mailloux. Mais son interprétation par Maxime Brillon sur la scène du Théâtre aux Écuries m’en a donné fortement envie. Le petit Jacques Mailloux, le héros, s’y raconte à travers ses yeux et ses émotions dans son langage d’enfant. Maxime Brillon restitue le personnage impeccablement, lui qui est une sorte de grand enfant expressif, émouvant, et qui ne tient pas deux minutes en place…
Un seul acteur sur scène, donc, ou presque (Charlotte Gagné-Dumais, qui signe la mise en scène, fait face aussi aux spectateurs). Et c’est ainsi durant tout le spectacle; le petit Jacques Mailloux qui parle de sa vie, de sa naissance à sa mort. Au texte s’ajoutent toutes sortes de gestes et de petites acrobaties comme les adorent les enfants ou de signes de timidité et de retrait voire de totale frayeur.
Les souvenirs émergent dans le désordre, au rythme de leurs apparitions avec ces mots d’enfant et dans cet esprit inquiet, parfois terrorisé, honteux aussi pour un motif bien anodin, et finalement décalé, mal préparé aux difficultés de la vie et incapable d’y faire face adéquatement.
Et l’on découvre, si on l’a oublié, que la vie d’un enfant n’est pas faite que de rires et d’insouciance, loin de là.
Dès ses premiers jours, Jacques Mailloux qui ne savait ni marcher ni parler, nous dit-il, a essayé de s’échapper du traineau tiré par ses deux parents simplement joyeux d’être deux. N’avaient-ils pas noté qu’ils étaient désormais au moins trois? En tout cas, après cette évasion manquée, la vie de Jacques Mailloux s’est déroulée tant bien que mal, avec son lot d’amis, de découvertes, de difficultés et de marques inscrites sur lui. Tout en étant joyeux comme on l’est naturellement quand on est un enfant, il a appris ce qu’était la honte ou la difficulté de réaliser un super slap shot au hockey. Mais peut-être n’a-t-il pas appris qu’il pouvait aussi faire confiance à des adultes en cas de besoin, et son refuge dans une sorte de pensée magique ne l’a pas servi, malheureusement.
L’histoire de Jacques Mailloux, racontée sur scène par Maxime Brillon, si elle nous fait souvent sourire et même rire, nous émeut aussi particulièrement et nous fait mieux comprendre ce que parfois les enfants peuvent ressentir et comprendre du monde, de ses mots compliqués et de ses maux tragiques.
Plein tube, du 16 au 20 novembre au Théâtre aux Écuries
Auteur : Hervé Bouchard
Production : Théâtre des Trompes
Mise en scène : Charlotte Gagné-Dumais
Interprétation : Maxime Brillon