Mardi soir dernier, à la Maison symphonique de Montréal, l’Orchestre symphonique de Montréal lançait sa 86e saison, avec à sa barre pour une dernière année, maestro Kent Nagano. Devant une salle comble, l’OSM n’a pas fait mentir sa réputation d’orchestre de calibre international.
Malgré un programme écourté, la version longue ayant lieu le lendemain, le public a été largement comblé.
Tout d’abord, avec une œuvre bien spectaculaire, la Rhapsodie sur un thème de Paganini, op. 43, de Sergueï Rachmaninov, interprétée par Denis Matsuev, lauréat du Concours international Tchaïkovski en 1998 et artiste en résidence à l’OSM pour la saison 2019-2020. Lors de cette impressionnante prestation, les spectateurs ont eu droit à presque toutes les variantes et les subtilités que peut offrir un piano, s’il est entre bonnes mains.
Parfois fluide, parfois retenue, parfois romantique à souhait, l’interprétation de Matsuev n’a pas manqué d’être éprouvante pour l’instrument, tant la vigueur et l’intensité étaient aussi au rendez-vous. Nous n’aurions pas été surpris si une des cordes du piano avait lâché. Mais dans cette œuvre, ce qui frappe le plus c’est sans doute la vélocité, la pure virtuosité et la dépense d’énergie. Il ne s’agit pas d’un marathon, mais plutôt d’un sprint en continu et le pianiste a fait la démonstration qu’il savait courir. Après qu’il ait retenu son souffle durant près de trente minutes, c’était autour du public de faire déferler sa joie d’avoir été témoin de cette performance.
Après la très courte pause nécessaire pour retirer le piano, le public s’est retrouvé immédiatement dans un tout autre univers: la Symphonie no 13, en si bémol mineur, op. 113 « Babi Yar » de Dmitri Chostakovitch. Avec le chœur de l’OSM, préparé comme à l’habitude par Andrew Megill, Nagano accueillait la basse russe Alexander Vinogradov. Quelle œuvre! Quelle interprétation! Il y avait quelque chose de tellement humain dans la prestation de Vinogradov que, même sans les surtitres, le public aurait pu partager tout le drame, tout l’humour et toute la dévotion au peuple russe compris dans le texte du poète Evgueni Evtouchenko.
Pour ma part, c’était la première fois que j’entendais une basse qui réunissait à la fois la subtilité, la richesse et une telle puissance de voix. Pour accompagner un tel artiste, maestro Nagano a encore une fois démontré qu’il sait faire en sorte que l’OSM et lui ne fassent qu’un. Quel plaisir de le voir et de l’entendre mener les musiciens exactement là où il le veut. Et ses musiciens ne se font pas prier pour le suivre, pas plus que le chœur dont la prononciation russe permettait presque la méprise avec des chanteurs moscovites. Voilà une saison très bien lancée.
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