La série culte Doctor Who n’a jamais eu peur du changement, et en plus de compter le premier Docteur féminin de l’histoire, l’émission délaisse aussi son traditionnel spécial de Noël en faveur d’un spécial du Jour de l’An, cette année, avec Resolution.
Au neuvième siècle en Bretagne, l’humanité est parvenue, de peine et de misère, à vaincre une créature de cauchemar terrorisant le pays entier. Le cadavre du monstre fût divisé en trois, et un ordre sacré a été mis sur pied pour veiller sur chacun des morceaux. Le premier fût envoyé dans le Pacifique, le second en Sibérie, mais comme son cavalier s’est fait attaquer en chemin par des bandits, le troisième ne s’est pas rendu plus loin que… Sheffield! Des centaines d’années plus tard, le 1er janvier 2019 pour être précis, deux étudiants en archéologie le déterre en effectuant des fouilles, sans savoir de quoi il s’agit. Aussitôt, les trois morceaux s’animent et tentent de se rejoindre malgré la distance, mais heureusement, le Docteur, qui connaît intimement cette espèce belliqueuse, fera tout en son pouvoir pour que la créature ressuscitée ne gâche pas les festivités du Nouvel An en détruisant la Terre…
L’arrivée d’un nouvel interprète dans le rôle titre a toujours été l’occasion de brasser un peu les cartes et de dépoussiérer la formule, mais depuis qu’il a remplacé Steven Moffatt à titre de « showrunner » de Doctor Who, on dirait que, dans une volonté d’apporter sa propre personnalité, Chris Chibnall a complètement fait table rase du passé, se privant par le fait même de plus d’un demi-siècle d’histoire. Sous sa direction, la 11ème saison s’est avérée l’une des moins bonnes des dernières années, mais Chibnall conclut sur une note positive avec Resolution, un épisode spécial qui, en plus de proposer une intrigue épique s’étalant sur des millénaires et prenant place aux quatre coins de la planète, ne dédaigne plus la mythologie de l’émission et ramène l’ennemi les plus iconique et le plus terrible du Docteur, les Daleks.
Je ne suis pas de ceux qui s’objectaient à ce qu’une femme interprète le rôle titre de Doctor Who, mais après une saison complète, force est d’avouer que, à part quelques rares exceptions, les scénaristes ont du mal à tirer profit de ce changement, et à écrire spécifiquement pour un Docteur féminin. Jodie Whittaker est espiègle, enjouée, mais son jeu est plus subtil, et beaucoup moins flamboyant, que celui de Peter Capaldi, à qui elle a succédé. La dynamique de famille reconstituée qui s’est installé entre elle et ses compagnons (joués par Mandip Gill, Tosin Cole et Bradley Walsh) est encore accentuée dans cet épisode, avec la présence d’Aaron, le père de Ryan, à bord du TARDIS. Interprétant une jeune archéologue se trouvant sous la domination d’un Dalek (et agissant comme tel), Charlotte Ritchie livre assurément la performance la plus intéressante de Resolution.
L’édition haute définition de Doctor Who: Resolution qu’on peut se procurer compte le spécial d’une heure sur disque Blu-ray, et s’agrémente de plus de trente minutes de matériel supplémentaire. En dehors d’un Making Of d’une douzaine de minutes, on trouve également une série d’entrevues avec les acteurs principaux de la série, qui partagent leurs moments préférés de la onzième saison, une revuette consacrée au Dalek de reconnaissance en vedette dans l’épisode, et une dernière sur la touchante scène de réconciliation entre Ryan et son père.
En reconnectant Doctor Who à sa riche mythologie, non seulement Chris Chibnall apporte son propre éclairage aux Daleks avec Resolution, il livre également l’épisode le plus réussi d’une saison somme toute décevante, ce qui est plutôt bon signe pour la suite des choses.
7/10
Doctor Who: Resolution
Réalisation : Wayne Yip
Scénario : Chris Chibnall
Avec : Jodie Whittaker, Bradley Walsh, Tosin Cole, Mandip Gill, Nikesh Patel et Charlotte Ritchie
Durée : 62 minutes
Format : Blu-ray
Langue : Anglais seulement
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