À l’instar des Îles malouines au large de l’Argentine, le rocher de Gibraltar au sud de l’Espagne demeure un territoire éloigné et conquis par le Royaume-Uni. Sous un Brexit dur, l’Union européenne a accepté de considérer en « colonie » l’île de moins de 7 kilomètres carrés située au large du continent africain, rapporte El País le 1er février.
« Gibraltar n’est pas une colonie et il est complètement inacceptable de le définir de cette manière. Gibraltar fait partie de la famille du Royaume-Uni et entretient une relation constitutionnelle, moderne et mature avec le Royaume-Uni. Cette situation ne changera pas à la suite de notre sortie de l’Union européenne (UE). Toutes les parties doivent respecter le désir du peuple de Gibraltar d’être britannique », a affirmé un porte-parole du gouvernement britannique au quotidien espagnol El País.
Le gouvernement de Gibraltar a également exprimé son mécontentement par rapport à l’emploi de ces termes, qu’il considère anachroniques, dans un communiqué: «L’usage d’un tel langage, avec l’objectif de concrétiser le statut du rocher dans les documents finaux, n’aide pas la création d’un climat d’entente et de confiance entre Gibraltar et l’Espagne à mesure que nous nous préparons à abandonner l’UE.»
Quelle que soit la réaction des gouvernements du Royaume-Uni et de Gibraltar, l’Espagne a remporté une autre petite bataille diplomatique à Bruxelles au sujet du différend de Gibraltar. Un texte européen rédigé au cas où il y aurait un Brexit dur définit le rocher comme une colonie, ce que le Royaume-Uni considère inacceptable. Signé le 1er février par les représentants des 27 pays membres de l’UE, le document stipule qu’à la suite du Brexit, tous les Britanniques en sol européen seront exemptés de visa pour de courts séjours.
L’inclusion des Gibraltariens dans la catégorie des Britanniques qui se trouvent en sol européen a pour conséquence de limiter leur mode de vie par de courts séjours sur le rocher. Le document clarifie que cette zone serait désormais une colonie britannique. L’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) considère la zone comme un «territoire non autonome en suspens de la décolonisation», mais Londres ne partage pas cette définition.
Le quotidien Financial Times explique que la note en bas de page qui fait référence à la liste des territoires sans autonomie sujets à la décolonisation émise par l’ONU est le fruit d’un accord entre Madrid et Paris. Auparavant, le gouvernement français a montré son inquiétude parce que cette liste inclut des territoires comme la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie.
Le fait de se centrer exclusivement sur la définition de Gibraltar a mis Londres sur les nerfs.
Décompte final
Le texte légal pensé pour faciliter les flux entre les Britanniques et le reste des Européens en cas de sortie abrupte de l’UE a semé la discorde au Royaume-Uni au sujet de Gibraltar. Dans tous les cas, cette modification du règlement sur les visas n’entrera en vigueur que si la sortie du Royaume-Uni se fait sans accord. Une hypothèse qui devient de plus en plus probable, même si elle n’est pas définitive.
Ce contexte politique conduit à l’interrogation posée par l’anthropologue américain David Graeber : toute anthropologie véritablement engagée politiquement devra commencer par considérer sérieusement la question de ce qui sépare vraiment ce que nous nous plaisons à appeler le monde «moderne» du reste de l’histoire de l’humanité, écrit-il en 2004.
Cette pression exercée sur l’une des économies les plus prospères d’Europe se basant sur les services financiers, le tourisme et les paris en ligne, dont les revenus passifs ne sont pas imposés, pourrait provoquer le premier fléchissement d’une dégringolade.
Le divorce entre le Royaume-Uni et l’UE sera définitif le 29 mars 2019, à 23 heures sous le méridien Greenwich.
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