Eli Roth, le réalisateur de Cabin Fever, Hostel ou The Green Inferno, délaisse la violence très graphique qui a fait sa réputation et signe un film d’épouvante parfait pour toute la famille, avec l’adaptation du roman jeunesse The House with a Clock in Its Walls de John Bellairs.
Suite au décès de ses parents, Lewis, un garçon introverti de dix ans, déménage chez son oncle Jonathan à New Zebedee dans le Michigan. Dès les premiers jours, il s’aperçoit que le frère de sa mère n’est pas qu’un excentrique, mais bien un sorcier, et dans cette maison où les meubles comme les topiaires du jardin semblent animés de leur propre volonté, Lewis commencera l’apprentissage de la magie, mais manipulé par une entité maléfique se faisant passer pour sa mère, il commettra une grave erreur en utilisant un livre de nécromancie pour réanimer au cimetière le cadavre d’Isaac Izard, un sombre personnage dont le but est d’anéantir l’humanité. Aidé de son oncle et de leur voisine Florence, l’orphelin parviendra-t’il à empêcher la fin du monde?
Connu pour ses productions-choc mettant en vedette une bactérie mangeuse de chair particulièrement vorace, des touristes méticuleusement torturés ou des scènes de cannibalisme à lever le cœur, Eli Roth a toujours privilégié le côté « réaliste » de l’horreur. Le cinéaste, associé à la vague du « torture porn », cause donc toute une surprise en réalisant non seulement une œuvre remplie de magie et de surnaturel, mais un film s’adressant à toute la famille, avec son adaptation du roman jeunesse de John Bellairs, The House with a Clock in Its Walls. Grâce à un univers légèrement décalé et une ambiance juste assez sombre, mais pas trop, le résultat est un long-métrage charmant et insolite, dans la veine de A Series of Unfortunate Events.
Eli Roth met toute son expérience à profit dans The House with a Clock in Its Walls pour créer de l’horreur efficace, sans que l’on ne voie jamais une seule goutte de sang. Comme l’intrigue prend place en 1955, Roth puise dans l’esthétique de l’époque pour créer de très belles images. Sorte de cabinet des curiosités, la maison constitue un personnage à elle seule, et ses reliques ésotériques, ses automates, ses têtes d’animaux empaillés et la multitude d’horloges couvrant ses murs lui donnent des airs du manoir de la famille Addams. Présentant des vitraux dont les dessins s’animent, une attaque de citrouilles démoniaques, ou encore un serpent mauve géant affectueusement nommé William Snakespeare, les effets spéciaux sont inventifs, et réussis.
Il n’est pas toujours évident de travailler avec des enfants au cinéma, mais le jeune Owen Vaccaro s’avère la véritable vedette de The House with a Clock in Its Walls. Sa performance dans le rôle de Lewis, un jeune nerd au nœud papillon qui adore apprendre de nouveaux mots, rend son personnage très attachant. Capable de beaucoup de retenue quand on lui en donne l’occasion, Jack Black est un choix judicieux pour camper l’excentrique oncle magicien, et on apprécie beaucoup la dynamique entre lui et Cate Blanchett (qui joue sa voisine Florence, une sorcière ayant renoncé à ses pouvoirs), alors que les deux amis passent leur temps à s’insulter affectueusement. Puisqu’il est rarement choisi pour interpréter des vilains, il est aussi très intéressant de voir Kyle MacLachlan dans le rôle d’Isaac Izard, le méchant du film.
The House with a Clock in Its Walls est disponible en édition Combo Pack, incluant le film sur disques Blu-ray et DVD, et s’accompagnant d’un code pour télécharger une copie numérique. La production s’en est manifestement donnée à cœur joie, et on trouve une tonne de matériel supplémentaire en boni, dont une piste de commentaires livrée par Eli Roth et Jack Black, un début et une fin alternative, des scènes retirées du montage, une visite du plateau avec le jeune Owen Vaccaro, une série de revuettes portant sur les effets spéciaux, le choix des comédiens ou les défis d’adapter le livre de Bellairs au grand écran, des journaux vidéo du réalisateur, un quizz sur Jack Black, et j’en passe.
Ce n’est pas un hasard si ce long-métrage, évoquant les films des années 1980 comme Gremlins ou The Goonies, est produit par Amblin, le studio de Steven Spielberg, et avec The House with a Clock in Its Walls, Eli Roth prouve qu’il est possible de faire du cinéma d’horreur s’adressant à toute la famille.
7/10
The House with a Clock in Its Walls
Réalisation : Eli Roth
Scénario : Eric Kripke (d’après le roman de John Bellairs)
Avec : Jack Black, Cate Blanchett, Owen Vaccaro, Coleen Camp, Sunny Suljic et Kyle MacLachlan
Durée : 105 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray + DVD + copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol
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