À Paris, le jeune David disparaît comme ça, un jour, sans crier gare. Enquêteur teigneux, François Visconti est mis sur le cas. Et face à un Romain Duris mystérieux, le policier devra résoudre l’énigme de Fleuve noir, présenté dans le cadre du Festival Fantasia.
Réalisé par Érick Zonca, et sorti il y a deux semaines en France, Fleuve noir évoque d’abord la maison d’édition du même nom, où sont publiés des romans policiers, des thrillers et autres récits sombres où l’on nage entre deux eaux, incertains de l’issue de la traque jusqu’à la dernière page.
Ici, le principe est un peu le même. Tout semble désigner Yan Bellaile (Duris), professeur de littérature qui a donné des cours particuliers au jeune Dany, comme coupable idéal. Et pour Visconti, policier plus qu’usé par la vie interprété par Vincent Cassel, il s’agirait de l’occasion idéale pour tirer la chose au clair et faire enfermer un « déviant ».
On sent ici que le scénariste et le réalisateur ont voulu donner de la profondeur au personnage de Visconti. Cassel a le cheveux filasse, la barbe broussailleuse, quasi sale. L’homme voit son fils se lier avec la racaille; il n’est plus avec sa femme; il en est presque réduit à claudiquer; il multiplie les commentaires fortement désobligeants envers ses collègues, et surtout avec son adjointe… Bref, une belle ordure qui semble toutefois être doté d’un flair certain pour résoudre des cas en apparence insolubles.
Avec des indices dévoilés au compte-goutte, une ambiance oppressante, des personnages à la psyché torturée, la formule fonctionne. Enfin, pendant un temps seulement. Car le personnage de Visconti finit par être trop caricatural, trop exagéré, trop hors-normes. Le genre d’individu qui serait rapidement dénoncé, puis suspendu s’il agissait de cette façon dans la vraie vie.
Outre cet accroc, et outre une fin qui s’avère franchement insatisfaisante, Fleuve noir est un film policier comme il ne s’en fait presque plus, avec une énigme qui prend du temps à se révéler au regard inquisiteur du cinéphile. Une oeuvre qui sait se faire désirer, qui ne va pas trop vite en affaires. On aurait peut-être préféré un commandant Visconti un peu plus affable, un peu moins, hé bien, trou de cul, s’il l’on peut se permettre l’expression; autrement, Vincent Cassel et Romain Duris démontrent tous deux qu’ils sont d’excellents acteurs, et qu’une relation entre deux personnages principaux peut se développer lentement, délicatement, au grand plaisir des membres du public. À voir dès sa sortie en salle, d’ici la fin de la semaine.
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