Se rendre à Fantasia pour écouter un film japonais tient presque du cliché. On ne compte plus, en effet, les titres présentés dans le cadre du festival où nos héros, souvent des adolescents mal dans leur peau, se transforment pour devenir des gens sortant de l’ordinaire. C’est d’ailleurs un peu le cas d’Amiko, projeté il y a quelques jours, où la subtilité est toutefois de mise.
Dans une école secondaire d’une ville sans histoire, la jeune Amiko s’éprend du beau Aomi, avec qui elle partage une soirée où les deux futurs adultes parlent de la vie, de la mort, de l’amour, des responsabilités de l’âge adulte…
Le hic, c’est qu’il n’y a eu qu’une poignée d’interactions entre nos deux personnages. Et si cela semble suffisant pour qu’Amiko développe son idylle, Aomi, lui, ne semble pas avoir été marqué par les quelques instants partagés. Après leur première véritable discussion, il s’écoulera plusieurs mois sans qu’il ne se déroule quoi que ce soit d’autre. Autour d’Amiko, la vie suit son cours: les journées d’école se succèdent, les jeunes se préparent en vue d’entrer à l’université.
En ce sens, Amiko, réalisé par Yoko Yamanaka, tente de se rapprocher des années 1960, avec son esprit yé-yé, son attitude rebelle, son désir de changer le monde. Non pas que notre héroïne s’embarque dans une quête dantesque où elle tentera d’ébranler les colonnes du temple, mais dans un pays où respecter les normes sociales tient pratiquement du dogme, avec cet engagement à faire des études, trouver un emploi, se marier, puis fonder une famille, ce rejet des codes traditionnels est suffisamment marqué pour susciter l’intérêt du cinéphile.
Encore une fois, il ne s’agit pas de tout détruire, à l’image des révolutionnaires. Simplement, Amiko, plongée dans ce qui ressemble fort à une torpeur affectant ses amis et condisciples, veut vivre un autre genre de vie. La scène de danse dans le métro de Tokyo, où elle entraîne un couple rencontré par hasard dans une chorégraphie rappelant le psychédélisme des sixties, nous rappelle que la vie représente davantage que la formule métro-boulot-dodo. Un peu de joie de vivre, bordel!
Film subtil, film lent, film contemplateur, Amiko se distingue des superhéros, des monstres et autres tueurs en série de Fantasia. Comme quoi il semble véritablement y en avoir pour tous les goûts, dans ce festival de films…