Sur une île isolée de l’hémisphère sud, un jeune officier de la marine britannique s’installe pour un an, avec comme seule mission d’échapper à la folie d’un monde qui vient de plonger dans la Première Guerre mondiale. Il comprendra cependant bien vite que l’île recèle un secret tout aussi mortel qu’étrange.
Présenté dans le cadre du festival Fantasia, Cold Skin, huis clos aux accents de film fantastique, est le plus récent projet complété du réalisateur français Xavier Gens. Connu pour son slasher movie Frontière(s) sorti en 2008, mais aussi pour Hitman, de fort triste mémoire à la suite du charcutage des têtes dirigeantes du studio qui lui avait commandé le projet, Gens semble disposer ici d’une plus grande marge de manoeuvre.
Loin des pressions commerciales, Gens aborde avec passion les questions de l’isolement, de la guerre, des relations avec l’Autre et de la déshumanisation avec cette histoire adaptée du roman catalan La Peau froide. En débarquant sur son île, donc, le climatologue britannique y rencontre un gardien de phare quelque peu désaxé, mais surtout une horde de créatures mutantes mêlant génétique humaine et organes provenant des animaux marins. Très rapidement, les créatures en question chassent notre climatologue de sa demeure, le poussant à se réfugier aux côtés du gardien du phare. Mais celui-ci ne veut qu’une chose: exterminer les hommes-poissons.
D’aucuns y verront des échos du film The Shape of Water, de Guillermo del Toro, mais Cold Skin faut surtout penser à une réflexion sur la guerre et la violence, le tout saupoudré de références plus ou moins subtiles à Lovecraft. L’inconnu des profondeurs marines, ces créatures aux apparences infernales, les mystérieux secrets d’une île battue par les vents où le phare, seule construction encore debout, est hérissée de défenses sculptées à la hâte pour se protéger d’un ennemi innommable et aux représentants innombrables…
Parallèlement à ces airs de film de monstre caché sous les flots, Cold Skin met aussi en perspective la sauvagerie du premier conflit mondial. Les deux protagonistes massacrent à répétition des groupes anonymes d’ennemis qu’ils apparentent volontiers à des animaux. Les voilà même qui délaissent leurs armes à feu pour empoigner des haches et autres armes blanches pour faire gicler le sang. Mais qui a lancé le premier assaut? Et pourquoi tout ce beau monde s’entre-tue-t-il, au fait?
Film efficace, film portant une magnifique attention aux détails, Cold Skin est une expérience cinématographique franchement satisfaisante. À voir.
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