L’industrie canadienne du tabac a-t-elle profité de la hausse de taxe fédérale sur les cigarettes pour augmenter sa propre part de profits? Voilà ce qu’estime la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, dans une déclaration transmise lundi par courriel.
Selon l’organisme, le constat est sans appel: données de Santé Canada en main, on affirme que l’industrie du tabac a « substantiellement augmenté ses prix et, ce, après avoir dénoncé les dernières hausses de taxes, notamment l’augmentation de la taxe fédérale de 4 $ la cartouche en février 2014 et la hausse de 4 $ de la taxe québécoise lors du mois de juin de la même année ». Ainsi, l’argument voulant que des prix trop élevés alimentent le marché noir ne tient pas la route, martèle la coalition.
L’organisme va même plus loin: toujours en invoquant les informations de Santé Canada, les hausses des prix des cartouches de cigarettes depuis 2014 – un montant moyen de 4,60$ – « se traduiront par une augmentation des revenus de l’industrie de 156 millions de dollars annuellement ».
Dans la région de Montréal, cette augmentation des prix serait encore plus marquée. De juillet 2015 à décembre 2016, les grands noms de la cigarettes auraient ainsi accolé des hausses dépassant l’équivalent des nouvelles taxes fédérale et provinciale. Ces hausses varient entre 4,50$ chez Philip Morris, et 5,00$ chez Du Maurier. Pourtant, rappelle-t-on, les cigarettiers étaient montés aux barricades lors de l’annonce des nouvelles taxes, Imperial Tobacco parlant même d’une décision du ministre Leitao pouvant être qualifiée de « scandaleuse » et « irresponsable ».
« Pendant qu’elle fait la morale aux gouvernements en invoquant la menace de la contrebande chaque fois qu’il est question de hausser la taxe sur le tabac, l’industrie procède discrètement à augmenter elle-même le prix des cigarettes, souvent par des montants équivalents aux hausses de taxes qu’elle décrie! », s’insurge ainsi Flory Doucas, porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. « À en croire l’industrie, l’augmentation du prix de marché des cigarettes constitue un risque pour la contrebande seulement lorsqu’il s’agit d’une hausse des taxes, et jamais lorsqu’elle est provoquée par l’augmentation du prix par le fabricant. C’est de l’hypocrisie pure et simple. »
Aux yeux de la coalition, l’industrie du tabac prive l’État de sommes qui lui reviennent en dénonçant haut et fort les hausses de taxes, ainsi qu’en brandissant « l’épouvantail » de l’augmentation des parts du marché noir.
Pour Mme Doucas, « la marge disponible pour augmenter les prix devrait aller aux contribuables, puisque c’est à eux qu’est refilée la facture colossale des soins de santé attribuables au tabac ». Pire encore, soutient-on, le 1,1 milliard de dollars actuellement généré par la taxe québécoise sur le tabac provient des poches des fumeurs, et non pas des goussets de l’industrie.