À la suite du coup d’État du 11 septembre 1973 contre le président Salvador Allende, le Québec a été la terre d’accueil pour 13 000 réfugiés et immigrants qui ont quitté le Chili. Après 40 ans d’exil, Marilú Mallet y retourne afin de réaliser le documentaire Au pays de la muraille enneigée ( 2016 ) projeté dès le 9 septembre à la Cinémathèque québécoise.
Du désert d’Atacama à la Patagonie, ce parcours nous laisse croire à un « road movie » se déroulant du nord au sud du Chili entre plus de 7000 km de côtes pacifiques et la « muraille enneigée », la cordillère des Andes. Pourtant, le film va au-delà du déplacement, des paysages à contempler et des témoignages des gens croisés. Il s’agit d’un parcours en voiture, à pied et en train, mais la documentariste opte pour la voix hors champ au lieu d’apparaître à l’écran. La narration se défile au rythme que la caméra longe la géographie.
La cinéaste admet la subjectivité de son itinéraire, mais ses choix son conditionnés par ses souvenirs, ses connaissances et des rencontres fortuites. Le film commence par une description « géologique » des rochers taillés par les glaciers jadis, dont l’eau évaporée a laissé le sel et les minéraux. On peut y voir l’illustration de la mémoire ou de l’histoire. La métaphore se poursuit à l’aide d’images de geysers qu’elle commente en mentionnant les catastrophes qui ont bouleversé le pays : les tremblements de terre et la dictature.
À Chiu Chiu, elle décrit l’objet de ses études en architecture : une église construite en 1611 par les Espagnols avec des murs en torchis, un toit et une porte en cactus avec des attaches en peau de lama sans aucun clou. À la capitale Santiago, une de ses camarades de classe nous fait visiter son logement avec une terrasse incroyable avec vue sur le stade espagnol. Cette entrepreneure explique que les emplois en construction sont excessivement bien rémunérés.
Les enfants de ces travailleurs étudient pour devenir technicien parce qu’il y a une forte demande sur le marché de l’emploi, spécifie l’entrepreneure en construction. Un sociologue, ami d’enfance de la cinéaste, nous dresse plutôt une synthèse de la culture chilienne. Puis, un jeune étudiant activiste va venir loger son opinion entre les deux témoignages. Pour lui, les deux partis politiques au pouvoir ont persuadé les citoyens que « le progrès est le fruit de la concurrence ». Pour la documentariste, on manifeste comme auparavant même si la dictature a dépolitisé la société.
Après un arrêt à l’atelier d’une artiste qui fait des sculptures avec les algues cochayuyo, on prend le train pour Temuco, la ville des Mapuche. Ces autochtones ont résisté aux Espagnols pendant plus de trois siècles et encore aujourd’hui, il peut y avoir des affrontements armés envers les autorités chiliennes. La documentariste y a tourné son premier documentaire, un film de 10 minutes en noir et blanc. Rare ressource sur cette communauté, à l’époque.
L’aventure se poursuit jusqu’en Patagonie.
Le documentaire Au pays de la muraille enneigée ( 2016 ) sera projeté à partir du 9 septembre à la Cinémathèque québécoise.
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